MAXIMILIEN BRAQUE
the fucking net-artist you need



revue de presse - TEAR
[Essentiellement diffusé par mail, selon les mêmes techniques que les spamers, TEAR fait son chemin via des serveurs SMTP obscurs directement dans les boites électroniques de son public.

Maximilien Braque, auteur de l'objet et du processus, explique sa démarche par le fait que "seule une utilisation massive, aléatoire et aveugle du média permet de briser les règles régissant les communautés esthétiques".

D'après lui "notre société a été partagée par les marchands et les agences de marketing (politique et autres) en groupes d'individus possédant un ou plusieurs points communs limités. La communication faites à ces différents groupes est absolument spécifique, autrement dit, un message envoyé à destination d'un groupe défini ne produira pas le même effet sur un récepteur d'un autre groupe. Le risque majeur pour ces cancrelats est donc de mal définir leurs cibles et d'obtenir un effet non-escompté, voire pire, une réaction de rejet.

Le problème grave que soulèvent ces stratégies est qu'en développant de telles micro-structures socio-communicationnelles imperméables, on encourage le communautarisme, l'intolérance, l'incompréhension ainsi que la synthèse de ces trois fléaux : l'individualisme néo-libéral."

TEAR, "larme" en anglais, mise donc sur l'aléatoire et la fluidité totale, au mépris d'ailleurs du respect du récepteur puisque le message (bien que seulement esthétique) n'est évidement pas sollicité.

"Je me fous qu'on sollicite mon interprétation du monde ou non", lache crânement Braque, "car si on laisse fonctionner le monde tel qu'il est, personne ne sollicitera jamais personne d'autre que ceux qu'on lui aura appris à aimer. Je suis contre le système de valeurs qui se met en place et qui veut que chaque communauté a le droit de faire ce qu'elle souhaite, à commencer par ignorer totalement le reste du monde. Le monde du net-art, web-art, appelez ça comme vous voulez, fonctionne aussi de cette manière, en vase clos, et avec le mépris le plus cuisant pour le reste des artistes. Il n'existe aucune pédagogie, aucun discours clair et simple. Seul règne une arrogance baveuse pour la seule et unique raison que ces deux ou trois traine-savate ont été invité à Beaubourg pour dire un mot dans un micro. Moi, je suis jeune. Je n'ai pas connu la période du web "libertaire" et du net.art russe. J'arrive après la bataille, après les startup, le krach de la bulle, et ce que je découvre est bien loin de mes espérances. Une poignée de feignants incapable de ne plus rien créer, curators du dimanche et journaleux analphabètes, comme si tout était joué, comme si tout avait été dit et fait, que le flouz avait été empoché et qu'il ne restait plus aujourd'hui qu'à laisser couler, boursicoter sur un patrimoine escroqué à l'ignorance. TEAR est ma première oeuvre et c'est la larme que je verse sur le monde tel qu'il est actuellement. Ce qui me chagrine le plus, c'est peut-être le fait que se confirme malheureusement la théorie des nouvelles technologies qui veut que l'art soit régi par la technique. Shulgin arrête tout et veut bosser sur les téléphones portables... Voilà où on en est."

Rage, fougue et discours en béton, voila peut-être ce qui peut définir Maximilien Braque mais même si on salut sa conviction, qu'on approuve son point de vue, reste à savoir si cette énergie sera durable ou simplement un éclair dans la nuit.
Personnage à suivre...]
par Niki Bük

article publié dans le journal électronique MINOS

20 juin 2003

[On reçoit TEAR dans sa boite au lettre. Un mail anonyme, comme il en existe des milliers, pornos, pharmacie illégale, virus, élargissement du pénis et autres conneries. On manque de supprimer TEAR, d'un petit coup de clavier, automatiquement, comme beaucoup ont dû le faire probablement.
Pourquoi je ne l'ai pas fait ce jour-là ? Je ne sais pas.
Mais j'ai ouvert le mail. Et dedans, un GIF.
10 pixels sur 10 pixels.
TEAR c'est 100 pixels, 52 noirs et 8 verts.
Le fichier pèse exactement 52 octets.
Cet article en pèse 618, soit presque 12 fois plus.
A ceux qui vous demanderont ce qu'est l'art, parlez leur de ça.
Et tout sera dit.]
par James CorNfielD

article publié dans SanatoRewiews #37 (USA)

4 août 2003

Maximilien Braque
© 2003